Vingt-deuxième jour
Aujourd'hui, nous nous rendons au Cañon del Sumidero, accessible en bus municipal et après une petite ascension à pied de 6km avec 500m de dénivelé positif. Ça devrait être une petite promenade de santé !
Pour éviter de grimper en plein cagnard, on se lève aux aurores, vers 6h, et on part à 7h.
J'ai repéré sur internet une ligne de minibus, qu'on appelle colectivos ici, qui mène jusqu'au pied du canyon et qui passe devant notre hôtel, la ligne 69.
Je demande à l'accueil de l'hôtel si cette ligne passe bien ici. On nous répond que oui, mais c'était peut-être non car après quelques minutes d'attente, el señorle monsieur demande au voisin et à un passant des informations concernant cette ligne . Le passant nous dit qu'elle passe un cuadrapâté de maisons plus loin, le réceptionniste nous dit alors de le suivre jusque là-bas et le fameux bus 69 passe pile à ce moment-là. Il le siffle, le bus s'arrête et nous montons. Il faut savoir que les colectivos s'arrêtent n'importe où, il suffit de les héler.
À l'intérieur, il reste juste deux places pour nous. Rapidement, j'ai comme l'impression qu'il ne va pas dans le bon sens. Je demande alors à côté de moi si ce bus va bien vers le nord. Et malheureusement, nous sommes dans le bus qui va vers le sud. Les gens autour de nous nous disent que le bus fait une boucle et qu'au bout d'un moment, il ira vers le nord. On hésite un peu à sortir et finalement une dame qui va descendre nous propose de nous guider pour prendre le bus dans le bon sens.
On descend avec elle et on la suit. Dans la précipitation, on n'a même pas payé le trajet. Mais ça n'a, semble-t-il, gêné personne. Encore une fois, un autre bus 69 passe et elle aussi le siffle. Elle lui explique où nous allons et nous montons. Les autres passagers payent en montant, je demande alors à une passagère combien cela coûte (16 pesos pour deux) et donne l'appoint au chauffeur.
Arrivés à l'entrée du canyon, un homme nous entend parler français et nous demande d'où nous venons. Il nous pose quelques questions sur notre périple puis il demande à sa femme de venir et elle fait un selfie de nous quatre.
Nous commençons ensuite l'ascension, il est 8h et il fait déjà bien chaud, on mouille le maillot. Le début du sentier est bien balisé puis, sur 1km, nous devons longer la route, mais il n'y a presque aucun passage donc ce n'est pas gênant. Après la route, nous nous enfonçons de plus en plus dans la forêt. En chemin, nous entendons du bruit dans les fourrés. Un homme est là, à faire on ne sait trop quoi. Il nous demande l'heure puis una monedaune petite pièce. Ce sera le seul humain que nous rencontrerons sur tout le chemin.
La végétation s'épaissit jusqu'à notre arrivée dans une clairière. C'est une clairière artificielle, les arbres ont été coupés afin de construire une ligne haute tension. On entend le grésillement du courant au-dessus de nous. Le chemin disparaît dans la végétation, il y a des insectes partout, nous hésitons à rebrousser chemin. On se dit qu'il faut juste traverser rapidement cette clairière, ne pas trop regarder les bestioles qui nous entourent et on devrait arriver sains et saufs de l'autre côté. Donc on avance, déterminés, dans ces hautes herbes et ces ronces, en croisant des araignées oranges et des abeilles noires, pour revenir, 100m plus loin, dans la forêt. Ouf ! Il faudra dévier du chemin encore quelques fois, à cause de la nature qui aura repris ses droits, mais nous arriverons finalement tout en haut, en un seul morceau !







L'ascension.
Au sommet, nous retrouvons la civilisation. Les autres touristes sont tous venus à l'aide d'un engin motorisé. Nous sommes apparemment les seuls tarés à être montés à pied.
La vue depuis ce mirador est à couper le souffle ! Les photos ne lui rendent pas justice.















Au sommet du Cañon del Sumidero.

Pique-nique avec vue.
Pour la descente, nous n'allons pas revenir sur nos pas, nous décidons plutôt de passer par la route, ce sera sûrement moins calme mais on pourra peut-être monter dans une voiture. Il y a quand même 10km de marche pour revenir à l'entrée du parc naturel.
Après avoir jeté un œil au canyon depuis deux autres miradors, offrant chacun une vue différente, nous commençons à sérieusement fatiguer. On avait croisé, au début de la descente, un camion avec la remorque ouverte au-dessus et plusieurs passagers à l'intérieur. On s'est dit que c'était le moyen de transport idéal pour nous qui sommes tout transpirants, afin de ne pas trop incommoder les autres passagers. Nous ne reverrons pas ce camion redescendre mais, à la place, nous ferons signe à un pick-up de nous prendre en stop. On monte dans la partie arrière et on se cramponne. Le chauffeur est un vrai pilote. J'avais lancé dès le matin un enregistrement de notre itinéraire pour savoir exactement le chemin parcouru. Grâce à cela, j'ai pu voir que le véhicule faisait des pointes à 80km/h dans les lacets. Ça décoiffe !
























La faune et la flore.
En 10mn, nous nous retrouvons en bas. Pour remercier notre taxi, je me prépare à lui donner quelques pesos, mais il refuse et repart aussi vite.
Nous reprenons le colectivo sesenta y nuevesoixante-neuf, dans l'autre sens, pour rentrer chez nous. Le fonctionnement de ces minibus est assez marrant : les passagers font passer leurs pièces de main en main, de l'arrière du bus jusqu'au chauffeur. Ce dernier récupère l'argent et rend la monnaie si besoin, le tout en conduisant ! Et sans ceinture évidemment, personne ne met la ceinture de sécurité ici, il ne semble pas que cela soit puni par la loi. Pas étonnant que la mortalité routière soit l'une des premières causes de décès dans le pays...
Nous finissons cette journée exténuante en mangeant une pizza devant la télé.